Gino, le chien de service déboule plein d'entrain, la queue battante, et renifle le long des murs, examine les chaises, les boîtes et tout le bric-à-brac. Jusqu'à ce que soudain, il s'arrête. Il y a un bruit de clic, un jouet vole et impossible de l'arrêter: Gino se saisit du jouet et court, fou de joie, vers sa conductrice, et s'ensuivent des jeux et des félicitations. La conductrice de chien est heureuse que Gino ait découvert l'ivoire dissimulé; Gino lui, est heureux parce qu'il a «trouvé» son jouet. «Nous travaillons uniquement avec l'instinct de jeu et de prédation du chien», explique Lucia Studer, cheffe du domaine de service Chiens de service de l'AFD et responsable du cours de base en matière de conservation des espèces que les onze chiens de service viennent de suivre. Le jouet en question n'est souvent qu'une serviette éponge enroulée: c'est lavable, hygiénique et pratique pour qu'aucune surface ne soit contaminée avec des odeurs.
Neuf odeurs de base pour tout un éventail d'animaux et de plantes
Pour que les chiens de service reconnaissent les odeurs recherchées, ils doivent les avoir senties au moins une fois: ce qui est rendu possible grâce à l'aide des zoos qui mettent à disposition pour la formation, entre autres, des poils, des plumes et des traces d'abrasion laissées par les animaux, ou encore, des produits saisis tels que des chaussures en peau de crocodile. Puis, une sorte de mur de présentation est utilisé: Lucia Studer présente un grand mur plein de chiffres et de trous. «Nous plaçons une odeur dans un de ces trous – le chien renifle le trou correspondant et une balle vient voler à travers le mur». De cette manière, le chien associe de plus en plus l'odeur en question avec la récompense. Les chiens apprennent à reconnaître neuf odeurs de base: en font partie les plus évidentes comme l'ivoire, les plumes de perroquets pour les animaux à plumes, la peau de python pour les reptiles et les écharpes en laine shahtoosh qui sont fabriquées avec la laine de l'antilope du Tibet protégée. Dans ce cas-ci: des poils de lama. Ils font office de référence pour tous les poils d'animaux – si le chien reconnaît l'odeur du lama, il reconnaîtra aussi toutes les odeurs qui y ressemblent, comme celles des singes ou des félins. Ils apprennent aussi à reconnaître l'odeur du cactus, car les plantes sauvages épineuses sont également protégées.
Méthode de travail aussi discrète que possible
Toutefois, être uniquement capable de reconnaître une odeur n'est pas suffisant: comme beaucoup de voyageurs ont peur des chiens, ces derniers doivent apprendre à ne pas aboyer ni gratter lorsqu'ils ont trouvé quelque chose. Une manière discrète de procéder est souhaitée pour la signalisation: rester immobile, s'asseoir ou se coucher. «Cela permet aussi de limiter les dommages sur les bagages», précise la responsable du cours, Lucia Studer. D'ailleurs, certains chiens portent des sortes de chaussures sur les pattes avant, qui font office de protection pour les valises et les sacs. Si des marchandises problématiques s'y trouvent, les chiens les trouveront grâce à leur odorat aiguisé et à leur entraînement régulier – ils sont très motivés par la recherche de leur jouet.